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L'Echo des Braises


Un oeuf de dragon noir aux reflets orangés rappelant la lueur des flammes sur la pierre sombre.

Les contreforts montagneux s’étiraient, impressionnants, sous un ciel de suie balayé par le vent. Le roc, calciné et marqué par le passage du temps, s'élevait en crêtes sombres défiant l’horizon. C’est là que m’avaient conduit mes récentes explorations. Je me souviens encore de la douleur dans mes jambes face à ces pentes escarpées. Quiconque serait passé par là aurait aisément pu distinguer ma silhouette, claire, presque perdue dans cette imposante masse ténébreuse.


***


Mais je manque à tous mes devoirs ! Avant de vous exposer plus avant cette histoire, il convient de la remettre en contexte. Installé confortablement dans un fauteuil de l’auberge sur laquelle j’avais jeté mon dévolu pour la nuit, j’écoutais distraitement les différentes conversations autour de moi, à demi-somnolent, lorsque l’une d’elle vint piquer ma curiosité. Sur la table voisine, deux hommes aux visages rubiconds bavardaient d’un air entendu de la fantastique et effrayante créature qui gardait la montagne qui surplombait la région. Quoiqu’on pense du folklore local, il peut parfois porter plus de vérités que de superstitions, je décidais donc de leur prêter une oreille un peu plus attentive, l’air de rien.


Les propos des deux compères se faisant de moins en moins audibles, et de moins en moins pertinents, à mesure que les chopes se succédaient autour d’eux. Ils ne m’apportèrent rien de plus qu’un profond ennui qui vint finalement renforcer ma somnolence déjà fort avancée. La chute de l’un d’eux, qui s’affala ivre mort sur sa table, marqua la fin de leur conversation et m'encouragea à regagner rapidement ma chambrette afin d’éviter que la fatigue ne me fasse suivre le chemin du malheureux imbibé. Par chance, la région était dotée d’une bibliothèque renommée où il me serait sans doute possible de trouver trace de la légende qui avait éveillé mon intérêt.


Le lendemain, frais et dispo, j’avais rassemblé mes affaires pour me rendre sur place. L’édifice, dont la réputation n’était plus à faire, s’avéra à première vue bien moins impressionnant que je ne l’avais espéré. Derrière sa façade de pierre usée par le temps, je découvris un capharnaüm de parchemins et d’ouvrages entassés sans la moindre logique apparente, posés là où l’espace le permettait. L’odeur de papier ancien et de cire froide imprégnait l’air, tandis que quelques vieillards à la démarche hésitante erraient entre les étagères, aussi fripés et silencieux que les manuscrits qu’ils gardaient. Je m’interrogeai un instant sur la réputation du lieu, mais à mesure que je fouillais, je découvris, dissimulés sous ce désordre, de véritables trésors : manuscrits enluminés, cartes annotées d’une main experte et ouvrages que l’on disait perdus. Ce chaos apparent était peut-être la clé de tant de richesses oubliées. Fort heureusement, et aussi improbable que cela puisse paraître, les sages de ces lieux semblaient pourtant s’y retrouver. L’un d’eux, après m’avoir observé d’un œil plissé, quoique vif, finit par extraire d’une pile chancelante le recueil que je cherchais, compilant les mythes locaux.


***


Au bout du chemin, s’ouvrait une faille béante dans le flanc de la montagne. Ses bords noircis, quelque peu menaçants, semblaient garder l’entrée d’un antique sanctuaire. Le vide qu'on y observait et qui donnait l’impression d’aspirer la lumière environnante, n’en avait pas moins quelque chose d’insidieusement attirant, comme s’il était fait pour capter l’attention des voyageurs imprudents et les mener à leur perte.


Un alchimiste portant un chapeau pointu et tenant dans sa main un oeuf de dragon sombre. Le personnage est entouré d'une aura orangé qui provient sans doute de flammes situées non loin.

Je m’y engageai et aussitôt l’ombre m’engloutit. Tâtonnant à l’aveugle, je sentis avec d’autant plus de force le souffle brûlant qui m'environnait. On eût dit que, non loin de là, une gigantesque fournaise brûlait sans discontinuer bien que sa lueur ne soit aucunement perceptible. Craignant que la moindre étincelle ne fasse s’embraser l’air autour de moi, c’est dans l’obscurité que je poursuivis ma route, espérant néanmoins que mes yeux finiraient par s’habituer à la noirceur ambiante. Ce ne fut guère le cas. L’obscurité demeura totale, épaisse, oppressante. Chaque pas s’étirait dans une attente pesante, rendant ma progression plus éprouvante encore. Puis, enfin, j’entrevis une lueur. D’abord fragile, vacillante, à peine un frémissement dans la pénombre. Elle se fit plus nette à mesure que j’avançais, révélant, quelques mètres plus loin, une nouvelle brèche dans la roche, qui s’ouvrait, cette fois, sur une vaste salle vraisemblablement creusée à même la montagne. Là, d’imposants piliers ouvragés, vestiges d’une ancienne civilisation, se dressaient, soutenant la voûte située si haut qu’elle se perdait hors d’atteinte du regard. Quelques-uns n’avaient cependant pas survécu aux affres du temps et gisaient, brisés, sur le sol où leur chute avait provoqué d’impressionnantes lézardes.


Au centre de ce vaste espace, une large dalle semblait porter les stigmates d’un brasier éteint de longue date. Outre les traces de suie et les morceaux de bois calcinés, une épaisse couche de cendres s’y amoncelait. Pour autant, quelque chose d’étrange semblait à l'œuvre. Tout indiquait en effet que le feu qui avait jadis brûlé ici était consumé depuis fort longtemps, mais la braise que l’on apercevait sous la poussière rougeoyait encore par endroit, comme un cœur ardent qui n’avait jamais réellement cessé de battre. Précautionneusement, je m’en approchai, percevant à chaque pas une sorte de présence diffuse, d’énergie latente. Discernant comme un mouvement presque imperceptible, je pris un temps d’arrêt, mon instinct me soufflait la prudence… mais la curiosité était plus forte.Lentement, je pris donc la résolution d’avancer ma main vers la surface craquelée.


Un frisson parcourut l’air, une vibration d’abord imperceptible, puis grandissante, emplissant la caverne d’un crépitement électrique. Une onde invisible se propagea dans un grondement sourd, et avant que je ne comprenne ce qui se jouait, je fus balayé, projeté au sol avec la sensation d’avoir été pris dans le souffle d’une explosion silencieuse. Devant moi, quelque chose prenait forme. Une lueur rougeoya dans la pénombre, d’abord diffuse, puis éclatante, dessinant les contours d’une silhouette surgie des flammes. Ses ailes, démesurées, se déployèrent dans un geste souverain, projetant sur la pierre l’ombre tremblante d’un être de feu. Son aura pulsa, repoussant les ténèbres jusqu’aux recoins du sanctuaire.


Interdit, je restai figé. Cette apparition, quoique dénuée de chair et d'os, n'en avait pour autant rien de spectral. L’image vacilla, comme une flamme face au vent, puis s’éleva, défiant la voûte, avant de se disloquer en une pluie d’étincelles. Le silence retomba, mais quelque chose avait changé. La caverne n’était pas qu’un simple vestige de pierre. Loin de n’abriter qu’un foyer consumé, elle s’imposait comme l’écrin d’une force insoupçonnée, en veille, tapie sous la roche.


Prudemment, je me redressai, mes sens encore bourdonnants du choc que je venais d’encaisser. Une lueur persistait au creux de la pierre, frémissante comme un feu sur le point de s’éteindre, mais obstinément vivante. Intrigué, je fis un pas en avant. D’un geste mesuré, je détachai une fiole de ma ceinture et m’accroupis pour prélever une poignée de cendres et de braises entremêlées, dont la lueur semblait respirer au rythme de la montagne elle-même. À peine mes doigts les effleurèrent-ils que je perçus leur rayonnement, une rémanence d’énergie plus qu’une réelle chaleur. Elles palpitaient sous ma paume, frémissaient presque, comme dotées d’une volonté propre. Pourtant, elles ne me brûlèrent pas. Je laissai les fragments ardents glisser dans mon récipient, retenant mon souffle, attentif au moindre tressaillement. Mais rien ne vint. Seule cette présence diffuse demeurait, imprégnant le verre d’un éclat encore vibrant. Comme si le feu qui sommeillait en elles m’avait reconnu… ou du moins toléré.


Je reculai lentement, le regard toujours rivé sur le cœur de la grande salle, comme on observe un monstre endormi, redoutant de le voir s’éveiller d’un instant à l’autre. Rien ne bougea. Pourtant, tandis que je quittais la salle, l’écho de mes pas sur la pierre fut accompagné d’un grondement sourd.


Avais-je été témoin d’une illusion façonnée par la montagne elle-même, s’agissait-il d’un souvenir piégé dans la pierre, condamné à se répéter en boucle, était-ce un avertissement, ou bien s’agissait-t-il l’écho d’une force patiente, attendant l’instant propice pour renaître ? Je n’en avais pas la moindre idée, et je l’ignore encore à ce jour, mais une certitude persistait : les cendres que j’emportais, loin d’être inertes, n’attendaient que la bonne impulsion pour s’embraser à nouveau.



Cette collection est composée de 4 œufs de taille moyenne et d'un œuf plus imposant.

La mise à jour de la boutique aura lieu le 9 avril à 20h30.

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